À l’entame de la 34e édition de la Can, rares étaient ceux qui auraient parié sur une affiche Nigeria – Côte d’Ivoire en finale. Derniers favoris encore en lice dans cette grand-messe du football continental, ces deux nations s’affrontent, dimanche, pour l’apothéose d’une Can emballante, complètement folle, avec une forte détermination de succéder au Sénégal.
Quelle que soit l’issue de la finale de la 34e édition de la Can «Côte d’Ivoire 2023», ce dimanche 11 février, au stade olympique Alassane Ouattara d’Ebimpé, le trophée restera en Afrique de l’Ouest pour les deux prochaines années. Comme ce fut le cas lors de la dernière édition avec le Sénégal. Deux représentants de la zone de l’Ufoa s’affrontent pour le Graal et quoi qu’il advienne, le trophée ne changera pas d’environnement. Et pourtant, avec la présence du Sénégal, du Maroc, de l’Égypte, du Cameroun, de l’Algérie au coup d’envoi de la compétition, rares étaient ceux qui auraient misé sur une telle affiche. Mais «Super Eagles» et «Éléphants» ont dribblé tous les pronostiqueurs pour s’offrir le droit de se disputer le titre.
Ainsi, après son sacre de 2013 en Afrique du Sud, le Nigeria va disputer une nouvelle finale de la Can. L’équipe de José Peseiro vise une quatrième étoile et, vu son parcours, elle semble bien placée pour rééditer son exploit d’il y a onze ans. Le technicien portugais misera sur l’énorme état d’esprit de ses joueurs et la bonne organisation de son équipe, défensivement comme offensivement. «Notre équipe fait du bon travail dans le tournoi. Nous avons un grand esprit d’équipe, un grand engagement et nous jouons en équipe. Nous avons un match crucial devant nous, contre une bonne équipe nationale et nous voulons la battre en finale du tournoi, parce que c’est notre objectif», a déclaré Peseiro. Son équipe affrontera le pays hôte qui a réussi un match bien plus abouti face à la Rd Congo et part avec un ascendant psychologique pour avoir dominé (1-0) la Côte d’Ivoire en phase de groupe. Mais la donne a complètement changé depuis.
En effet, deux semaines après le cauchemar du lundi 22 janvier, les «Éléphants» sont toujours en vie et ambitionnent de décrocher une troisième étoile, après celles de 1992 et 2015. Et Max Alain Gradel, capitaine de l’équipe ivoirienne, mercredi dernier, lors de la demi-finale remportée contre la Rd Congo, ne croyait pas si bien dire en déclarant que chaque génération vivait son temps, que celle de 2015 avait écrit son histoire, et que celle actuelle était en train d’écrire la sienne. Avec la qualification en finale du champion d’Afrique 2015 et de ses partenaires, l’épopée continue pour cette nouvelle génération. Miraculés lors de leurs trois dernières sorties, ils ont affiché, mercredi dernier, une belle sérénité et un esprit de solidarité à nul autre pareil. Généreux dans l’effort, ils ont dominé l’adversaire dans tous les compartiments du jeu, et livré leur meilleure prestation durant cette Can. Aujourd’hui, la Côte d’Ivoire a des ambitions très élevées. Elle tentera de s’offrir le titre à domicile face au Nigeria. C’est l’objectif d’Emerse Faé qui vit un rêve éveillé depuis qu’il a été bombardé sélectionneur intérimaire, après le fiasco de Jean-Louis Gasset consécutif au naufrage face à la Guinée Équatoriale. Pour Franck Kessié, désigné homme du match face au Congo, le Nigeria est une très grande nation du foot et une très belle équipe, mais la Côte d’Ivoire n’est pas petite. «On est passé des plus mauvais aux meilleurs en quelques jours. Il ne faut pas s’arrêter là et passer du plus mauvais aux héros nationaux», a laissé entendre le milieu d’Al-Ahli. Et à son avis, «il faut continuer avec le même état d’esprit, ne pas arriver jusqu’au bout pour lâcher». Pour cela, a-t-il indiqué, «il faut récupérer, se retrousser les manches et rester concentrés pour affronter une très bonne équipe du Nigeria, dimanche».
Duel Faé – Peseiro
C’est dire donc que la confiance est de mise du côté des Ivoiriens qui voudront bien continuer de surfer sur cette dynamique victorieuse. Et si, aujourd’hui, le Nigeria et la Côte d’Ivoire comptent à eux deux cinq titres, leurs sélectionneurs respectifs, José Peseiro et Emerse Faé qui disputent leur toute première Can, tenteront de remporter le Graal pour réussir de fort belle manière leur baptême du feu. Le technicien portugais avait dit, avant le coup d’envoi du tournoi, qu’il avait bien l’intention de redonner au Nigeria sa place sur l’échiquier continental et lui offrir cette quatrième étoile derrière laquelle l’équipe court depuis 2013. Son parcours prouve qu’il est bien déterminé à franchir cette étape. Son équipe est à une marche de réussir cette performance ; mais une marche qui pourrait s’avérer très haute au vu de l’adversaire d’en face. Emerse Faé, qui est déjà entré dans l’histoire du football ivoirien en menant une équipe moribonde jusqu’en finale, est tout aussi déterminé à aller chercher cette couronne après être revenu de si loin. Même si l’adversaire s’appelle Nigeria. On assistera donc à un duel très serré entre deux techniciens aux styles très différents qui ont montré, tout au long de cette compétition, qu’ils ont les capacités d’aller jusqu’au bout. «Notre équipe a un énorme état d’esprit. On se bat ensemble. Terem Moffi et Kelechi Iheanacho, c’était leur premier match dans la compétition et ils sont rentrés comme s’ils les avaient tous joués. Nous sommes 25, c’est difficile de nous battre», a cependant averti José Peseiro, après la victoire de mercredi.
Ce dimanche, ce sera la deuxième fois dans l’histoire de la Can, qu’une équipe dispute une finale après avoir largement perdu par quatre buts d’écart pendant les phases de groupes. En 1990, le Nigeria, écrasé (1-5) par l’Algérie, avait disputé le dernier acte face à son même bourreau. Face aux «Super Eagles», les «Éléphants» qui ont le vent en poupe tenteront de faire beaucoup mieux.
D’un de nos envoyés spéciaux Samba Oumar FALL
FINALE DE LA CAN
Les 54 présidents de fédération invités par Motsepe
La 34e édition de la Can «Côte d’Ivoire 2023» baissera ses rideaux le dimanche 11 février, avec la finale qui opposera le Nigeria à la Côte d’Ivoire, au stade olympique Alassane Ouattara d’Ebimpé. Pour la clôture du grand banquet du football continental qui a été riche en surprises et en rebondissements, le président de la Confédération africaine de football (Caf), Patrice Motsepe, a convié l’ensemble des présidents des Associations membres pour assister à cette grande fête du football. Aussi, les présidents de fédération ou leurs représentants qui seront dans la capitale ivoirienne, la veille, pourront suivre la petite finale qui opposera, le samedi 10 février, au stade Félix Houphouët-Boigny d’Abidjan, l’Afrique du Sud à la Rd Congo. Ces deux équipes qui ont respectivement été éliminées par le Nigeria et la Côte d’Ivoire tenteront de terminer sur le podium. Gianni Infantino, président de la Fifa, qui assistera, la veille, à la finale de la Coupe d’Asie à Doha, au Qatar, est attendu à Abidjan pour prendre part à cette grande finale qui consacrera deux géants du football africain qui ont déjà goûté aux délices du sacre continental, et qui rêvent d’ajouter une ligne supplémentaire à leur palmarès.
D’un de nos envoyés spéciaux Samba Oumar FALL
La Côte d’Ivoire, des miraculés revenus de très loin
On les avait presque enterrés après leur naufrage (0-4) contre la Guinée Équatoriale, à l’occasion de la troisième journée de la phase de groupes. Mais les Éléphants ont donné à toutes les équipes une vraie leçon de persévérance, d’abnégation à toute épreuve. Le pays hôte, qui avait frôlé l’élimination lors des phases de poules, a été ressuscité en tant que meilleur troisième à la faveur d’une victoire (1-0) du Maroc sur la Zambie. Depuis, la Côte d’Ivoire a repris vie et a affiché une détermination sans faille à rester dans « sa » Can. Beaucoup d’Ivoiriens ne croyaient plus d’ailleurs en cette équipe quand Emerse Faé a pris le relais de Jean-Louis Gasset qui a quitté le navire en pleine compétition et après l’échec de la tentative de se faire prêter Hervé Renard par la Fédération française de football. Ce coup bas qui ne disait pas son nom, a été loin de décourager l’intérimaire qui a su remobiliser ses troupes et redonner des couleurs à cette formation.
Porté par la grâce, l’ancien international ivoirien a su trouver les bons mots, le discours idéal pour redonner l’envie et la rage de vaincre à ses joueurs. « C’était inespéré, en match de poule, c’était très compliqué. C’était dur face au Sénégal, mais on est allé chercher la qualification, même chose contre le Mali. Et là, un match un peu plus maîtrisé, on va chercher une place dans la finale de « notre » compétition, c’est un plaisir immense. Vu la manière dont on est revenus dans la compétition, on s’est dit qu’on n’a plus rien à perdre. Et au fur et à mesure, on a pris confiance », a déclaré Emerse Faé, après la victoire de son équipe face à la Rd Congo. Et mercredi dernier, Max Alain Gradel et ses partenaires ont montré à l’Afrique tout entière et au monde entier, qu’il ne faut jamais enterrer un éléphant avant de s’assurer qu’il est vraiment mort. Le match-référence qu’ils ont sorti, face à la Rd Congo, prouve à suffisance que la Côte d’Ivoire est déterminée à aller jusqu’au bout. Cette qualification en finale, Emerse Faé l’a vécue comme un rêve. « Je suis très content et très ému. C’est comme un rêve. Quand on revient deux semaines en arrière, lors de la défaite ici contre la Guinée Équatoriale, on a du mal à l’imaginer », a laissé entendre le sélectionneur ivoirien après la victoire. Après cet exploit, Faé qui est devenu le premier technicien à atteindre la finale de la Can après avoir pris les rênes de l’équipe en cours de la compétition, ne veut pas s’arrêter en si bon chemin. Il veut prolonger son rêve et faire comme Yeo Martial, l’entraîneur local qui a offert à la Côte d’Ivoire son premier titre continental en 1992, au Sénégal. Pour Faé, son équipe va se remettre rapidement au travail pour aller chercher cette troisième étoile qui lui tend les bras. « On fera l’état des lieux et on analysera le Nigeria. Même si on a joué contre eux au premier tour, on verra la stratégie à mettre en place face à eux pour la finale », a fait savoir le sélectionneur ivoirien.
Les Éléphants ont une belle occasion de prendre leur revanche sur le Nigeria qui les avait battus (1-0) en match de poule. Si Emerse Faé parvient à hisser son pays sur le toit de l’Afrique, il deviendra le deuxième entraîneur ivoirien, après Martial, à remporter la Can. Il permettra également au pays de devenir le premier pays organisateur, depuis l’Égypte en 2006, à remporter la Can. Il aura alors fallu attendre neuf éditions pour voir le pays hôte de cette 34e levée, briser enfin le signe indien. Et ils ne voudront certainement pas s’arrêter en si bon chemin. Parce que pour les Éléphants, après l’enfer, c’est tout simplement le paradis. Et ils ont une seule marche à gravir, ce dimanche, pour trôner au septième ciel du football africain. « Je me souviens que quand j’étais joueur, j’ai gagné la Coupe du monde U17 en perdant le premier match contre le Nigeria et en les battant en finale. Peut-être que c’est un signe du destin », a rappelé l’ancien milieu relayeur ivoirien. Comprenne qui pourra.
D’un de nos envoyés spéciaux Samba Oumar FALL
Les «Super Eagles» en finale, 11 ans après
L’équipe du Nigeria est la première qualifiée en finale de la Can, suite à sa victoire aux tirs au but, hier, sur l’Afrique du Sud (1-1, 4 tab 2). Mais que ce fut dur pour les «Super Eagles».
Décidément, le statut de favori ne signifie finalement rien dans cette 34e édition de la Can. Et le Nigeria a failli l’apprendre à ses dépens. Le système en 4-4-3 mis en place par le coach des «Bafana Bafana», Hugo Broos, a considérablement gêné celui adopté par José Peseiro avec Xulu placé en sentinelle devant la défense sud-africaine. Résultat des courses, les «Super Eagles» ont eu énormément de mal à s’approcher des cages de Williams, hormis cette sortie aérienne non maîtrisée sur Troost Ekong (13e). Une petite frayeur qui aura le don de réveiller l’orgueil des «Bafana Bafana», avec la tentative cadrée mais trop axiale de Sithole captée par Nwabali (15e). Loin d’être complexés, ils reviennent à la charge mais Percy Tau voit sa tentative échouer (28e).
Des «Super Eagles hésitants»
Le Nigeria déjoue, n’arrive pas à trouver la bonne formule et se montre hésitant. En face, l’Afrique du Sud essaie de jouer dans le dos de la défense adverse et l’une de ses actions a failli faire mouche avec la tête de Sithole, en déséquilibre, qui passe largement au-dessus des cages nigérianes (36e). La première frappe cadrée des «Super Eagles» n’est intervenue qu’à la 37e avec la tentative d’Alex Iwobi à l’entrée de la surface, mais trop molle pour Williams. Passée cette petite alerte, l’Afrique du Sud remet le turbo en marche et Percy Tau, auteur d’une belle remise à l’entrée de la surface nigériane, alerte Makgapo qui voit sa frappe détournée par Nwabali, pour ce qui est alors l’occasion la plus franche du match (39e).
En seconde période, les Nigérians reviennent avec de meilleures intentions en étant plus agressifs sur le porteur du ballon. Et il devient plus facile de trouver Victor Osimhen qui, dans un duel aérien avec Kekana, s’impose, mais sa tête fuit le cadre (57e). À force de pousser, les «Super Eagles» trouvent un peu plus Osimhen qui obtient un penalty suite à une faute dans la surface de Mvala ; Troost Ekong transforme la sentence (1-0, 65e). Une ouverture du score contre le cours du jeu, même si les «Super Eagles» ont montré un visage plus conquérant depuis la reprise.
Des «Bafana Bafana» coriaces
Néanmoins, les «Bafana Bafana» ne veulent pas lâcher l’affaire aussi facilement et Makgapo, décidément le plus dangereux, a failli remettre les pendules à l’heure. Trouvé à l’entrée de la surface de réparation, il se défait de son vis-à-vis d’un contrôle orienté, avant d’enchaîner par une frappe qui flirte le poteau gauche nigérian (75e). En face, Lookman a failli faire le break dans la foulée mais l’attaquant tente de dribbler le gardien sud-africain qui, resté solide sur ses appuis, s’empare du cuir (84e). Une minute plus tard, Osimhen croyait le réussir mais son but est finalement refusé car entaché d’une faute au préalable dans la surface opposée et l’arbitre, après consultation de la Var, siffle une nouvelle fois le penalty, mais pour l’Afrique du Sud. Mokoena prend à contre-pied Nwabali et égalise (1-1, 89e). Tout est à refaire pour les «Super Eagles» qui n’étaient pas loin de céder à nouveau, n’eût été la maladresse des attaquants adverses. À la toute dernière minute du temps réglementaire, Mokoena exécute un coup franc plein axe repoussé par Nwabali mais Mudau, qui avait suivi l’action, rate le cadre alors qu’il était seul face au gardien nigérian (90e+6).
À la 101e, pour ce qui est de sa dernière opportunité, Victor Osimhen a vu son tir à ras de terre finir dans les gants de Williams. Il est remplacé à la 109e par Terem Moffi qui ne tarde pas à se mettre en évidence en provoquant l’expulsion de Kekana, coupable d’une faute sur lui (115e). À la manœuvre, Kaleshi Iheanacho voit sa tentative captée par Williams (118e). C’est la dernière occasion avant la séance des tirs au but où les «Super Eagles» se sont montrés plus adroits avec 4 tirs réussis contre 2. Il faut dire que le Nigeria s’est sorti d’un gros traquenard face à une équipe sud-africaine qui aura montré tout dans ce match, sauf le ridicule.
D’un de nos envoyés spéciaux Mouhamadou Lamine DIOP
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Source : https://lesoleil.sn/finale-nigeria-cote-divoire-ce...